2. Pouvez-vous nous présenter brièvement CARE ? Quelle est la génèse du projet ?
CARE est une confédération d’associations. Nous sommes parmi l’un des plus gros réseaux humanitaires au monde. C’est une organisation qui est née en 1945. A l’origine, ce sont les citoyens américains et canadiens qui ont organisé l’envoi de colis qui contenaient de l’aide alimentaire et des biens de première nécessité à destination des survivants de la Seconde Guerre Mondiale en Europe. Les premiers colis sont arrivés au Havre en 1945, et ensuite, au fil du temps, CARE a mis en place des programmes de développement.
On intervient désormais dans un peu plus de 100 pays, sur des urgences humanitaires (catastrophes naturelles, conflits), mais également en mettant en œuvre des projets de développement pour accompagner les communautés les plus vulnérables, et leur permettre d’aller vers plus d’autonomie, notamment sur le volet socio-économique.
3. Quelles sont les missions de l’association ? Quels sont vos projets sur le terrain ?
Le mandat de CARE est la réduction de l’extrême pauvreté. Et pour atteindre cet objectif, il faut s’attaquer à toutes les formes d’inégalités. Saviez-vous que plus de 700 millions de personnes vivent avec moins de 1,90 dollar par jour dans le monde ?
La pauvreté est liée au manque de ressources financières, mais elle se manifeste aussi par d’autres formes d’inégalités : manque d’accès à l’éducation, aux soins de santé… Il faut prendre en compte tous ces facteurs pour lutter efficacement contre ce que l’on appelle la pauvreté multifactorielle.
Pour agir de manière efficace et durable, CARE s’attaque donc aux causes de ces injustices et a développé de multiples expertises : éducation, droits des femmes et égalité de genre, sécurité alimentaire et nutrition, accès à l’eau, développement économique… Les projets sont construits main dans la main avec les communautés afin d’en garantir la pertinence et la pérennité.
Par exemple, grâce aux actions de CARE au Sri Lanka, Sharmini, jusqu’alors sans emploi, a créé sa petite entreprise, destinée à transformer des noix de coco en fibres de matelas. Elle témoigne pour nous : “J’ai été formée et j’ai pu acheter des machines grâce à CARE. Aujourd’hui, j’emploie 16 femmes qui peuvent désormais nourrir leur famille.”
4. Quel est le modèle économique de CARE ?
CARE a un modèle équilibré ; la principale source de financement de CARE France sont les fonds institutionnels, mais nous avons aussi la chance d’avoir le soutien de nos donateurs individuels qui nous suivent de façon fidèle.
Le secteur privé nous apporte un soutien financier et également de l’expertise à travers le mécénat ou le bénévolat de compétences. En 2021, les fonds privés (soutien de donateurs et donatrices individuels et d’entreprises ou fondations) représentaient 36% de nos ressources. Nous sommes une association reconnue d’Utilité Publique et labellisée “Don en confiance”. Nos rapports sont disponibles sur notre site internet, en toute transparence.
5. Votre réseau de partenaires et mécènes représente globalement combien d’acteurs ? Pouvez-vous nous en présenter quelques-uns ?
Actuellement un peu plus d’une trentaine d’entreprises et de fondations soutiennent nos actions sur le terrain. Nous avons des partenariats variés, avec des acteurs de tailles diverses et dans différents secteurs.
Je pense notamment à un partenariat très fort qu’on a avec le Fonds Urgence et Développement de la Fondation BNP Paribas, qui nous accompagne sur les urgences, dans les contextes de crise humanitaires, avec un mécanisme qui a été développé au sein de la BNP Paribas depuis plusieurs années. Ce mécanisme repose sur un appel à dons auprès des collaborateurs du groupe BNP Paribas, pour soutenir trois associations partenaires, dont CARE. Ce partenariat avec la Fondation BNP Paribas est très important : il nous donne la latitude de pouvoir intervenir dans les heures, les premiers jours qui suivent l’éclatement d’une crise humanitaire.
Nous sommes également partenaires de la Fondation L’Oréal, engagée à nos côtés sur le programme « She Grows the Future » mis en œuvre à Madagascar, en Inde, au Vietnam et en Equateur, qui vise à soutenir les agricultrices devant faire face aux effets du changement climatique et à promouvoir leurs droits.
6. Quelles actions pourraient être mises en place et quels projets pourraient être soutenus par les entreprises participantes à des Challenge OuiLive pour soutenir votre association ?
Les fonds collectés pourraient financer les actions de notre Fonds d’urgence, destiné à intervenir avec agilité dans des contextes de catastrophes naturelles. Je pense plus spécifiquement à Madagascar, où CARE intervient pour lutter contre les effets du changement climatique et pour accompagner l’adaptation des populations.
Concrètement, l’adaptation passe par la diversification des cultures résistantes aux aléas climatiques, l’adoption de pratiques d’agroécologie respectueuses de l’environnement, l’amélioration de l’accès, du contrôle et de la gestion des ressources naturelles (eau, sols, forêts). Il y a aussi des activités de préparation et réduction des risques de catastrophe, pour éviter au maximum les pertes humaines lors d’événements climatiques extrêmes. Les effets du changement climatique sont très visibles et présents dans la vie des malgaches. Il y actuellement une famine qui frappe le sud de l’île.
Nous pouvons apporter une aide précieuse dans les contextes d’urgence humanitaire grâce aux dons issus des Challenge OuiLive.
À travers ces Challenges, nous pouvons aussi contribuer à des projets destinés à soutenir l’empowerment des femmes et leur autonomisation socio-économique.
CARE a développé dans les années 1990 le modèle des AVEC (Associations Villageoises d’Epargne et de Crédit), avec pour principe la mise en commun de petites économies, par des groupes majoritairement composés de femmes. Cela permet aux femmes de se faire des prêts entre elles, afin d’affronter les coups durs de la vie, les dépenses de santé imprévues, mais également de lancer leurs propres activités et petits business. C’est une méthodologie qu’on retrouve dans la quasi intégralité des projets de CARE, et qui a fait ses preuves. Aujourd’hui quelques millions de femmes dans le monde sont mises en réseau à travers ces AVEC, et ça leur permet vraiment de pouvoir développer leur autonomie socio-économique. CARE accompagne ces groupements, en les formant à développer leurs petits business, grâce aussi à l’alphabétisation fonctionnelle qui permet de compter, de lire, pour mener ses activités au quotidien. Ces espaces sont aussi des opportunités d’aborder d’autres sujets, tel la santé sexuelle et reproductive, ou encore la question de l’accès aux droits: les droits humains, mais aussi le droit du sol, qui permet de posséder des terres et cultiver pour nourrir sa famille et dégager une agriculture de rente pour pouvoir développer ses revenus financiers…
7. Un mot à adresser aux lecteurs ?
J’engage les entreprises à relever les Challenges de OuiLive, à engager vos collaborateurs et collaboratrices pour soutenir l’action de CARE et son approche globale, au profit des femmes & de leur empowerment et également des groupes de populations touchés par le changement climatique. On voit ô combien c’est important de se mobiliser pour lutter contre les effets induits par le changement climatique, et malheureusement de façon plus proche et immédiate ces dernières semaines. Grâce à l’effet papillon de nos actions, les victoires individuelles des personnes que nous soutenons deviennent collectives. Et cet impact positif est durable !
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